Jelenas Charity Run

Qu’est-ce qui vous a incitée à combiner votre passion pour la course à pied avec une bonne cause ?
La quarantaine au tournant, je me suis mise à la course à pied, avec l’espoir qu’au fil des kilomètres parcourus, je me délesterai aussi de quelques kilos en trop. Peu à peu, courir est devenu une routine puis un plaisir, non plus une obligation qu’on s’inflige. Ma compagne m’a soutenue et encouragée à chaque pas, sans relâche. Juste avant Noël et après des mois de consultations et examens médicaux, nous avons reçu la mauvaise nouvelle: Alzheimer. Nous nous sommes dit qu’il fallait qu’on donne une dimension positive à la maladie.

Comment le diagnostic de votre partenaire a-t-il changé votre vision de la vie et de la course à pied ?
Cela remet pas mal en question l’ordre des priorités. On fait désormais au mieux pour saisir le moment présent, réaliser des envies quand l’occasion se présente. On hésite moins. Pour la course à pied, le diagnostic a été une motivation supplémentaire d’y donner un sens nouveau. Ce qui nous importe est d’avancer ensemble, main dans la main.

Quel rôle la course à pied joue-t-elle pour vous dans cette période difficile ? Y a-t-il des moments où elle vous aide particulièrement ?
C’est mon petit moment de méditation, ma petite bulle qui m’aide à réfléchir, à faire le point, mais aussi à faire le vide et à laisser mon esprit vagabonder si je me sens submergée. Au final, c’est le moment où je me retrouve face à moi-même.

Votre partenaire vous accompagnera sur certains parcours – qu’est-ce que cela signifie pour vous personnellement ?
Je m’estime très chanceuse que nous partagions cette même envie et que nous puissions participer ensemble à certains événements, elle en faisant de la marche nordique et moi en courant. J’admire sa détermination, sa résilience et son esprit positif face à la maladie. Nous savons également que le temps est compté. Pouvoir partager ces moments tant que la santé nous le permet, c’est précieux. Nous souhaitons que nos aventures pédestres aident à sensibiliser aux impacts de cette maladie et à contribuer à un futur où la maladie d’Alzheimer n’est plus qu’un souvenir lointain.

Comment avez-vous entendu parler de la possibilité de collecter des fonds par le biais de courses à pied ? Et pourquoi avez-vous choisi la Fondation Synapsis ?
Les courses à pied soutiennent souvent des organisations caritatives. Lors de l’inscription on est encouragé à faire un don pour la cause mise à l’honneur par les organisateurs de la course. En Angleterre, c’est plus diversifié. Les coureurs ont souvent le choix parmi une liste d’organisations et la possibilité aussi de visibiliser ce choix en portant les couleurs de l’organisation sur le dossard ou sur le maillot. Je me suis demandée si on pouvait faire quelque chose de similaire et démarrer une campagne de sensibilisation et de collecte pour la recherche scientifique sur la maladie d’Alzheimer. Ma compagne et moi avons choisi d’approcher la Fondation Synapsis, car nous estimons que sa mission de soutien à la recherche suisse est fondamentale pour faire avancer la compréhension de la maladie et des approches diversifiées en matière de prise en charge et de traitement médical.

Qu’avez-vous appris des sports d’endurance pour votre vie ?
La résilience, la persévérance et la patience. Je pense souvent à la phrase de Haruki Murakami dans son livre «De quoi je parle quand je parle de courir» (traduit sous le titre Autoportrait de l’auteur comme coureur de fond) comme une sorte de mantra : « La douleur est inévitable. La souffrance est optionnelle. » La manière d’appréhender la douleur dans ma vie ne dépend que de moi.

Y a-t-il un message particulier que vous aimeriez faire passer à d’autres personnes qui sont également touchées par la maladie d’Alzheimer dans leur entourage ?
Je ne me trouve qu’au tout début de ce nouveau chapitre dans nos vies et je suis encore en train de me familiariser avec les défis qui vont peu à peu se dessiner à l’horizon. Je pense que rien ne peut vraiment nous préparer à cela et je souhaite à toutes celles et à tous ceux qui côtoient la maladie beaucoup de courage et de patience, et aussi de saisir le moment présent. Ce qui compte pour moi, pour nous, est de continuer à partager et à être ensemble, même si la maladie bouleversera profondément la manière dont nous nous retrouverons à l’avenir.